Casa

J'avais retrouvé mes marques au « Riad Salam », à Casa, l'Océan grondait, la marée d'équinoxe était proche, l'air vivifiant embaumait l'iode et ma chambre le moisit.

Je m'en foutais, j'aimais bien le lieu, j'étais face à l'infini, je devinais « La Réserve » dans la brume comme une porte béante sur les années 30...

En fermant les yeux j'apercevais Mabrouka, elle longeait la Corniche et venait vers le « Lido ».

Charles son mari était accoudé devant sa Fine, la serveuse lui faisait les yeux doux, elle fera moins la fière quand la Targuia lui agitera son calibre sous le nez...

Une jolie anecdote d'avant, cet avant léger et pittoresque, si l'Océan pouvait parler !

Le concierge de l'hôtel m'appelle, il est désolé, il ne m'a pas vu, est-ce que je vais bien ? Ma voiture est arrivée, il est limite obséquieux, mais je suis très réceptif.

Direction « Le Cabestan », chez la Mère Viot, déjeuner d'affaire mais surtout de plaisir, de toute façon après une bouteille de « spécial coquillages » à l'apéro, nous allons surtout rigoler.

Il ne faut pas que je sois trop fait, ça serait du plus mauvais effet au cimetière d' « El Hank », tout à côté, si je veux aller saluer Mabrouka et Charles, sereins et garants de l'histoire, protégés par leur petite tombe au milieu des bougainvilliers.

J'aime cette légèreté de vie dans la ville blanche, elle est une véritable métropole, mais elle a su garder ses attaches, s'adapter à son histoire, le « Rick's Café » se trouvait dans une fausse Casablanca, Casa a créé un vrai Ricks « Play it Again Sam » Café.

Le passé se recoiffe dans les vitres des Twins cheminant d'Anfa, en compagnie de Roosevelt, Churchill etde Gaulle jusqu'au Maarif par des artères dessinées par Henri Prost à la demande des Sultans.

Je reviens du fin fond de l'histoire, regarde tout, vois tout, j'admire et j'arrive chez « Jean Pierre » pour me gaver de gâteaux, de « tey be nanah » et de Cawa Cassé, en attendant mes Amours : La Mim's, La Blonde, La Banquière, (qui vient en voisine).

Ce soir nous nous retrouverons tous chez Dorith etCoty, nous mettrons trois bonnes heures à décider du resto, avant de changer d'avis et d'échouer au « Balcon » pour le fun, pour admirer les belles de nuit onduler de la croupe, l'oeil aguichant...

De là nous nous dirigeons à « La Villa Fandango » où nous jetons l'ancre. Rita et les Diabolos Sisters sont déjà debouts sur les tables, en pleine forme, j'embrasse tout le monde, je les aime.

Un petit tour à « l'Amstrong » tout proche pour se faire un live de rock canadien et un peu de Jack Daniels, direction « le Petit Rocher ».

Sous les auspices de la Mosquée Hassan II, sainte gardienne de l'Afrique, Nordine, mixe Dillon & Dickens, tel un Fakir :

« You Gotta Have Hope »,

Il nous accueille avec son amitié, sa gentillesse et son talent

la lune se reflète sur l'océan, le phare d'El Hank guide les pêcheurs de la nuit,

Nous sommes heureux, nous sommes à Casablanca.